Quelles sont les causes de la pollution numérique ?

Dernière mise à jour le

 

Le secteur du numérique représente aujourd’hui 4 % des émissions de CO₂ et consomme entre 6 % et 10 % de l’électricité mondiale. Ce secteur pollue autant que l’aviation.

Et pourtant, pour beaucoup de monde, l’univers digital et dématérialisé reste un symbole d’écologie.

Acheter une liseuse serait plus écologique que de continuer à lire sur du papier.
Un frigo connecté te permettrait de faire des économies d'énergie.

Mais est-ce que tout ça est vrai quand on prend en compte tout le cycle de vie de ces appareils ? De leur fabrication à leur recyclage ?

Dans cet article, nous allons découvrir comment notre rapport au numérique a donné naissance à une des plus grosses sources de pollution de notre monde.

Nos terminaux : les premiers responsables de la pollution numérique

Saviez-vous que nos appareils connectés (ordinateurs, télévisions, smartphones, montres, etc.) étaient à eux seuls responsables de 65 à 90 % de l’impact environnemental du numérique ? 1

Entre leur production, leur utilisation et leur faible recyclage, nos joujoux électroniques sont pas verts du tout. Et je vous montre pourquoi de suite.

1 - L'impact de la production de nos appareils

On ne se pose jamais la question de la quantité de matière et d’énergie nécessaires à la production de tout cet univers « dématérialisé ».

Et pourtant, nos appareils ont besoin de métaux rares qui sont extraits à travers le monde.

Cette extraction n’est pas gratuite, ni pour l’homme (drames miniers, conditions d'exploitation inhumaines, etc.), ni pour notre planète.

Saviez-vous, par exemple, que l’extraction du cuivre dans certaines régions d’Amérique du Sud demande tellement d’eau que l’accès à l’eau potable a disparu pour les populations locales ?

Après ces métaux, il faut aussi considérer les énergies fossiles nécessaires à la production, les besoins en eau, la pollution liée aux usines ou au transport qui impactent la Terre.

On estime que la fabrication des terminaux représente la moitié des gaz à effets de serre émis par le numérique. La fabrication de ta télé, par exemple, nécessite d’extraire 2,5 tonnes de matières premières et génère 350 kg de CO₂.

Le plus fou dans tout ça c’est que plus on complexifie les équipements, plus leur impact sur l’environnement est grand. Et pourtant, on va préférer une télé 4K de 60 pouces à une télé de 30 pouces au moment de l’achat.

2 - Une utilisation coûteuse en énergie

L’ADEME a estimé récemment que la seule consommation électrique de nos terminaux représentait 30 % de la consommation globale du numérique.

Les terminaux représentent aujourd’hui près d’un pourcent des consommations électriques mondiales.

En France, on estimait qu'il y avait en 2020 environ 245 millions d'objets connectés en circulation.

Donc si vous additionnez le coût phénoménal de leur production et leur consommation électrique pendant leur période de vie, je pense que vous commencez à comprendre pourquoi on parle d'un monstre de pollution.

3 - Un recyclage fantomatique de nos déchets électroniques

Selon le rapport du Global E-waste Monitor2, l’ONU estime qu'en 2019, seuls 17 % des déchets électroniques ont été collectés puis recyclés.

Mais savez-vous où passent le 83 % manquants à l'appel ?

Une grande part est exportée illégalement à l’étranger (principalement en Afrique, en Inde ou en Chine) où ils vont terminer leur vie dans d’immenses décharges à ciel ouvert.

Et pour les terminaux qui arrivent jusqu’aux filières de recyclage, leur design empêche bien souvent de récupérer les matières premières. Par exemple, les métaux rares dont je vous parlais plus tôt ne sont presque pas recyclés.

Internet pollue pour fonctionner

Maintenant, vous avez tout compris à la pollution générée par nos appareils numériques. Et pourtant, ce n’est que la face émergée de l’iceberg. A chaque fois que vous utilisez internet, une autre usine à polluer entre en jeux.

1 - Une infrastructure pas si dématérialisée qu'on le croit

On parle depuis quelques années de « dématérialisation » un peu partout.

Alors oui, moins de papier, nos bureaux et nos armoires sont moins chargés de dossiers.

Mais est-ce qu’on peut pour autant qualifier le numérique de virtuel ?

Bon déjà, on vient de parler de nos terminaux. Donc vous l'aurez compris, on a besoin de matériel pour dématérialiser. 🤔

Mais ça ne s'arrête pas là.

Toutes les données, applications sur le cloud, sont stockées sur des serveurs regroupés dans ce que l’on appelle des data-centers (imaginez une bibliothèque, mais remplie de serveurs).

Donc on parle encore bien de matériel non ?

Et entre ces data-centers et nos terminaux, vous pensez que vos données transitent par magie ?

Et bien non, là encore, on a des infrastructures gigantesques pour distribuer ces réseaux (ADSL, Fibre, 5G, Satellites, etc.).

Donc ce que l’on appelle la dématérialisation est en réalité un réseau « super-materialisé ».

Et plus nos besoins de rapidité et de quantité de contenus grandissent, plus ces infrastructures s’alourdissent (plus de besoins matériels, renouvellement d’un parc qui fonctionne pour s’adapter aux nouvelles technologies, etc.).

Selon le dernier rapport de l’ADEME et de l’ARCEP sur l’empreinte environnementale du numérique en France, les data-centers seraient à l’origine de 4 à 22 % des impacts environnementaux du numérique et les réseaux de 2 à 14 %.

2 - Le Réseau électrique doit suivre le mouvement

Pour cette petite partie, promis je fais court, vous commencez à comprendre. 😉

Tout ce petit monde qui constitue le numérique ne se nourrit pas de salade verte...

Pour fonctionner, tout ça est alimenté électriquement.

L’ADEME estime à nouveau que 10,38 % de l’électricité est consommée, en France, par les services numériques.

Pour satisfaire notre consommation numérique grandissante, il faut donc une production électrique toujours plus importante et tout le réseau physique qui va avec pour l'acheminement.

Quelles perspectives pour le monde de demain ?

Le scénario d’aujourd’hui fait déjà peur non ?

Imaginez alors ce qu’il va se passer si l'on n'agit pas. Pour vous parler des perspectives, je ne vais pas imaginer de solution miracle. Non, ici on va juste parler de ce qui va encore aggraver les choses si on ne fait rien dans les années à venir.

Dans un prochain article, je vous proposerai des trucs et astuces à appliquer dans votre vie de tous les jours pour faire évoluer votre consommation numérique. 😉

1 - Toujours plus de données à consommer

Aujourd’hui, on produit des quantités de contenus phénoménales (tous les deux jours, on produit autant d’informations que ce qui a été généré dans l’Histoire avant les années 2000).

On estime que dans le monde, le volume d’informations numériques augmente de 50 % tous les ans.

Donc tous les deux ans, nous allons aussi doubler la consommation électrique et les émissions de gaz à effet de serre de toute la partie data-centers (en imaginant que les terminaux et les réseaux n’aient pas besoin d’évoluer pour faire face à ces augmentations de données).

2 - Des technologies qui vont toujours plus vite

J’ai l’impression que la 4G est arrivée hier. Je sais pas vous, mais moi qui habite à la campagne, je n’ai aucun problème avec ce réseau. Il est assez fiable, relativement rapide (parfois plus que l’ADSL chez moi).

Mais non, ce n’est pas assez performant pour le monde. Déployons la 5G.

Sur le papier, il est vrai que la 5G exige moins d’énergie que la 4G à volume de données égales.

Mais comme à chacun de ces changements de standards, le volume de données échangées va exploser.

On va aussi devoir doubler tout le parc d’antennes (pour simplifier mais c’est même plus que ça dans les faits) donc polluer encore plus pour produire, polluer nos paysages, ajouter encore des nouvelles fréquences d’ondes.

Pourquoi ?

Aller plus vite...

Et avec ces changements technologiques, on voit aussi arriver le marketing qui pousse tout le monde à changer ses appareils pour être compatibles avec ce monde « meilleur ».

Je ne vous refais pas le dessin mais vous voyez la boucle infernale qui se profile ?

Tant que l’être humain n’acceptera pas de ralentir (alors qu’il ne fait presque plus de différence entre ce qu’il a et l’innovation suivante), je ne vois pas comment cet engrenage pourra s’arrêter.

3 - Une injonction à la consommation grandissante

Dans une société où les innovations ne s’arrêtent plus, la tentation de profiter continuellement des dernières nouveautés est omniprésente (dans les pays riches en tout cas).

« Les TV 8K arrivent ? Fonçons en acheter une ! »

Peu importe si c’est mieux ou moins bien qu’une TV 4K (je crois que le débat est assez riche ailleurs si le sujet vous intéresse).

Mais parce que c’est nouveau, la pression marketing fait ressentir un besoin d’achat. Donc on a tendance à renouveler des appareils qui fonctionnent encore ou à multiplier ces appareils chez nous (regardez le marché des objets connectés et le nombre d’appareils qui sont apparus dans tous les foyers).

Consommer toujours plus n’est plus une option aujourd’hui, il faut être conscient de l’impact de nos achats.

Vous l'aurez compris, le numérique est un des plus gros pollueurs mondiaux.

Sous ses allures virtuelles, son impact sur la planète est bien réel.

Ne soyons pas fatalistes pour autant, ça sert à rien. Mais en temps que personne consciente du problème, on peut faire le choix d'agir.

Par exemple, vous pouvez commencer par en parler autour de vous.

Il n’y a qu’en générant une prise de conscience collective que nous pourrons repenser notre cohabitation avec le numérique.

D'ici là, je vous propose de revenir ici prochainement pour la suite de cet article. Cette fois, je vous donnerai des astuces concrètes pour transformer votre rapport au numérique dans la vie quotidienne.

Alors à très vite ! 👋

PSSSST : si vous ne voulez pas louper mes prochains articles, suivez-moi sur Linkedin. 🤗

FAITES BRILLER VOTRE PROJET EN LIGNE DÈS MAINTENANT